IKI, c’est un peu notre Joconde à nous. C’est un jeu de plaisir, de relax et de sandales. Rien à voir avec le tableau de Leonardo mais c’est pour exprimer la beauté du jeu, du design et de l’esprit EDO. C’est surtout un petit classique aux Bob Games avec déjà 2 parties (S03E09 en 2018 et S04E11 en 2019).

Pour cette partie, nous testons la nouvelle édition en français par Sorry We Are French. Est-elle mieux que l’originale en japonais ? Bonne lecture !

C’est quoi ?
IKI, ce n’est pas un jeu, c’est un concept. On est en période Edo (1603-1868) et dans le quartier de Nihonbashi (à Tokyo) se trouvait le marché le plus animé de l’époque. Notre objectif est de traverser les 4 saisons d’une année et de devenir le meilleur Edokko, « l’enfant d’Edo » (un personnage veillant au bien-être et à la prospérité de la ville et de ses habitants ; une incarnation de l’esprit de l’époque).

Pour y parvenir, on recrute des artisans pour les faire travailler et progresser avec de l’argent et de la nourriture (et des sandales). Le gagnant, si on peut l’appeler ainsi, sera le joueur qui aura acquis le plus de points d’IKI, un concept philosophique de l’époque qui était considéré comme un idéal de vie. Connaitre les subtilités de la nature humaine, être courtois et raffiné, tels étaient les qualités du vrai maître de l’IKI.
Comment ?
Une partie dure 12 mois (donc 12 tours), répartis en 4 saisons (avec un décompte de points à chaque saison), et pour ne pas arrêter la partie aussi abruptement, on profite pour jouer un dernier tour, le Nouvel An. Ensuite seulement, le décompte final sera fait et le plus IKI déclaré vainqueur.

Il faut ensuite expliquer la piste de lutte contre les incendies. A cette époque, le feu ravageait souvent les jolies échoppes. Pour IKI, on sait que le feu arrivera 3 fois pendant l’année et on connaît déjà sa puissance. Cette piste illustre la manière dont les joueurs se sont préparés à ces incendies. Mais ce n’est pas tout, cette piste va aussi déterminer l’ordre du choix des déplacements pour chaque tour. Et c’est assez important quand même.

A chaque tour, les joueurs, en commençant par le plus avancé sur la piste du feu, choisissent de combien de cases ils vont se déplacer sur la piste « Mode de vie », de 1 à 4 cases. Pourquoi le mode de vie pour des déplacements ? Car il y a 4 cases numérotées de 1 à 4, qui permettent de prendre le temps d’admirer les échoppes, de faire connaissance avec de nouveaux artisans et de récolter des revenus spéciaux. En gros, on peut soit choisir de recevoir 4 Mons (c’est l’argent du jeu), soit de recruter un nouvel artisan. Mais, si vous êtes pressés et donc pas du tout en accord avec le « mode de vie IKI », vous pouvez jouer avant tous les autres pour aller jusqu’à 4 cases mais sans possibilité de revenus (enfin si, juste 1 Mon) et sans recrutement. Vous avez suivi ?

Après avoir pris son revenu ou recruté un nouvel artisan, on déplace son pion, appelé Oyakata sur le plateau. On peut alors utiliser les commerçants de la grande rue, mais également solliciter les artisans de l’arrière boutique. Les commerçants sont toujours présents et font partie du « plateau », alors que les artisans travaillent pour un joueur et vont monter en expérience à chaque sollicitation d’autres joueurs, jusqu’à partir à une retraite bien méritée. Il libérera sa boutique pour qu’un joueur puisse poser un nouvel artisan.

Pour marquer des « IKI », vous allez pouvoir collectionner des pipes et des blagues à tabac, acheter du poisson frais à chaque saison, ou encore construire de précieux bâtiments qui apportent soit des bonus en cours de partie, soit des points de victoire en fin de partie. Plusieurs denrées sont existantes dans IKI, notamment l’argent (les Mons), le riz (pour nourrir les artisans), le bois et les Kobans (pour notamment construire les bâtiments) et les précieuses sandales (qui permettent de se déplacer encore plus loin dans la grande rue, pas très IKI en finalité les sandales).

Et alors ?
Déjà, entre la version japonaise de 2015 et celle de 2021, il y a quelques modifications des éléments du jeu mais du gameplay. Tout a été rediscuté entre l’auteur du jeu et l’éditeur dans un but d’équilibrage. Cette nouvelle version se veut donc plus aboutie que l’originale. Par exemples, les pipes et le tabac donnent plus de puissance contre les incendies, l’achat des Kobans est plus rare mais permet la possibilité d’en acheter 2 directement, des cartes ont disparu (où est le nettoyeur d’oreille ??) et d’autres ont été adaptées.

On le sait, les joueurs des Bob Games sont lents, même sur des jeux plus « légers » comme ce IKI. Et pourtant, IKI n’est pas un jeu léger, loin de là. C’est un pose d’ouvriers, c’est un jeu à l’allemande, c’est un jeu qui pèse tout de même 2.99 sur l’échelle BGG (Viticulture est à 2.89 par exemple). Mais 3h40 sans les règles c’est tout de même un peu trop. Une prochaine partie devrait durer au grand maximum 2h30 pour ce type de jeu. Mais cela n’enlève rien au plaisir du jeu.
Mais une question doit être posée… comment diminuer le temps de jeu alors que chacun est un optimisateur et ne recherche que la victoire ? Vous avez 1 heure !

Sinon, la partie. Bob a pris les devants sur l’échelle des incendies, il a œuvré sur le tabac, le poisson et surtout les artisans. Ses nombreux sacs de riz l’ont convaincu à construire l’entrepôt et il termine premier avec 111 points. Minh, à sa première partie, a subi au début du jeu sa carence en lutte contre les incendies mais a réussi un final incroyable (comme à son habitude) en terminant deuxième avec 107 points, on retiendra surtout ses 43 points avec 2 bâtiments. Stefano, troisième avec 96 points, auraient pu prétendre à la victoire finale s’il n’avait pas laissé des kobans inutilisés et s’il avait manœuvré plus tôt pour la construction d’un bâtiment. Dommage. Stéphane, quatrième avec 82 points, aura surtout le plus beau rayon poissonnerie de la période Edo avec 25 points au total.
Et qu’en pensent les autres joueurs ?
Stéphane C’est toujours un plaisir de jouer à IKI. Les mécanismes sont efficaces et j’ai beaucoup de plaisir à faire évoluer les artisans et de profiter de leur mise en retraite. Je trouve le mécanisme du feu, qui régit l’ordre des joueurs et intervient à chaque saison pour s’étendre dans un quartier au hasard, excellent. On a joué assez lentement cette fois mais il me semble que tout le monde a pris du plaisir. Mention spéciale au raisin de Stef ! (mais ça, ça n'a rien à voir)

Minh No comment... Pas de jaune ! Pas de feu ! Pas de carte ! Pas d’artisan ! Pas le premier ! À rejouer pour voir ! Jeu relativement fluide et sympa, pas trop de prise de tête et le mécanisme du 1er joueur est intéressant. Par contre, quel lien entre le feu et 1er joueur ? Peu d’immersion dans le jeu. Un peu court à mon avis (12 tours)

Stefano Enfile tes sandales et va arpenter les rues marchandes de Edo. Les boutiques sont nombreuses et alléchantes. Les artisans sauront t’attirer devant leurs échoppes, malgré le feu qui guette. Tu vas vivre une année complète, le temps d’acquérir des biens et faire gagner de l’expérience à tes artisans, jusqu’à une retraite bien méritée! Mais attention à ne pas t’attarder dans tes choix, au risque de perdre le fils de ta quête. L’année sera alors trop longue pour profiter pleinement de ce magnifique jeu.
Conclusion
Un classique, peut-être même un futur indémodable des Bob Games, voilà la place que va certainement prendre IKI dans nos cœurs ludiques. La nouvelle version n’apporte en finalité pas grand chose de plus que notre belle boîte originale, façon estampe japonaise, mais il faut reconnaitre que le travail de l’éditeur est impeccable. Le plaisir de jouer est bien présent. On va probablement le revoir bientôt ce petit IKI et ses sandales 😉
Et à bientôt !
Très chouette à lire, merci pour ce bel article!!
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