FIJ 2023 : Cannes, 1er jour

Jeudi 23 février 2023, 7h07. Journée pro sur la Croisette pour cette nouvelle édition du Festival International des Jeux de Cannes. Après un périple de 3 jours nous ayant emmené de Genève à Cannes, en passant par Narbonne (et oui…), Minh et Bob sont prêts à arpenter les allés peu parsemées du sous-sol ludique le plus connu au monde.

Réveil matinal, trop d’excitation avant cette première journée, pas réussi à dormir plus 😉

2 seuls joueurs au FIJ ?! cela n’était plus arrivé pour les Bobgamers depuis fort longtemps (tu t’en souviens Tchi?) ! Mais rassurez vous, d’autres compagnons de route vont nous rejoindre pour les prochains jours. Du coup, on a profité pour tester à outrance les jeux à 2 joueurs. Suivez le guide !

Jeu 1 : Galileo Project

Source : Sorry We Are French

Et pourtant, le premier du festival n’est pas un jeu exclusivement à 2 joueurs. Galileo Project nous emmène dans l’espace, dans le même monde que la série de jeux de l’éditeur Sorry We Are French, à savoir Ganymede et Demeter. Jeu de 2 à 4 joueurs, nous sommes des corporations du futur, prêtes à aménager les 4 satellites principaux de Jupiter : Io, Europe, Ganymède et Callisto.

Pour y parvenir, nous allons nous mettre sous l’influence des 2 factions du jeu (Terre et Mars) afin de leur acheter des robots, mais également pour recruter des experts, développer des technologies et participer à la construction de superstructures. Joli programme. Les tours se déroulent en 3 étapes pour chaque joueur : changer d’influence entre la Terre et Mars (c’est optionnel), puis réaliser une action (c’est obligatoire) entre recruter un expert OU construire un robot OU développer une technologie et, enfin, réclamer un objectif (optionnel également mais il ne faut pas les oublier…).

Les 4 satellites et les robots (les cartes sur les côtés) qui y sont installés

Chaque satellite de Jupiter aura sa spécificité de développement : Io est spécialisée dans la réduction des coûts, Europe se consacre aux avancées technologiques, Ganymede facilite le recrutement et l’efficacité de vos Personnages et Callisto permet de concevoir et de renforcer vos Robots. Il faut savoir jongler habilement sur chaque satellite pour créer la « machine » à points et à combos parfaite. Grande particularité du jeu, le changement d’influence (payant bien sûr) entre la Terre et Mars qui permet d’utiliser des capacités différentes des experts et des robots en fonction de leur faction d’origine. Malin.

Bilan : on est face à un classique jeu « expert » de gestion de ressources mais surtout d’enchaînement de combos entre les différents mécanismes du jeu. Le jeu est beau (mais faut pas se sentir agressé par les couleurs) et le tout tourne parfaitement bien, Galileo Project est une belle réussite permettant des parties rapides (1h40 avec les règles avec 4 joueurs!) et dynamiques. 2 bémols toutefois : le thème est clairement plaqué, cela nuit du coup à l’immersion dans ce joli univers, et il y a peu d’interaction entre les joueurs (à part la course aux objectifs et le choix des cartes). Le jeu est donc très « mécanique ». C’est assumé et cette mécanique est très bien huilée, donc ça passe très bien. Victoire de Bob et pas d’achat (mais Bob hésite encore…).


Jeu 2 : GoSu X

Source : Sorry We Are French

Gosu ça vous dit quelque chose ? C’est un jeu sorti en 2010 et Gosu X en est la réédition exclusive à 2 joueurs. Le jeu est situé dans l’univers très proche de Immortal 8, monde en souffrance qui est dominé par 8 clans qui veulent tous exterminer et asservir les autres.

Les 8 clans du jeu Gosu X

Début de la partie. Chaque joueur choisit, à tour de rôle en mode pseudo draft, une faction jusqu’à en avoir 3. Les 2 autres restantes ne seront pas jouées mais provoqueront des contraintes spécifiques (en bien ou en mal) pour le reste de la partie (en gros, les règles sont modifiées selon les choix des joueurs). Les clans joués ont chacun leur avantages, comme par exemple piocher des cartes (et ainsi faire tourner le deck) ou détruire les cartes des adversaires ou encore de pouvoir rejouer plus souvent.

Les illustrations sont superbes

Le cœur de jeu de Gosu X réside dans la construction de son armée. On va poser des cartes selon leur niveau, allant de I à III. Au plus bas niveau, nous aurons les troupes, au niveau II ce sera les héros et, enfin, les Immortels au niveau le plus élevé. Plus un niveau s’étoffera et plus le coût pourra être élevé. Pourra ? Oui, car étoffer un niveau avec un clan déjà présent sur le niveau est gratuit. La diversité coûte cher. Evidemment, pour poser des héros, il faudra avoir des troupes en suffisance et pareil avec les immortels. On joue jusqu’à ce que les 2 joueurs passent, généralement car il n’y a plus de cartes à jouer ou simplement que les jetons d’activation, 2 au début de la partie, sont joués. Les jetons d’activation permettent de piocher des cartes ou d’activer une carte déjà posée pour profiter de son bonus.

Plateau central de suivi du jeu

Une fois les armées prêtes, c’est le champ de bataille. On va simplement compter les valeurs militaires de ses cartes (2 points pour les niveaux I, 3 pour les niveaux II et 5 pour les niveaux III). Le but du jeu étant de remporter 2 grandes batailles ou, pour les plus stratégiques, de débloquer son 5ème jeton d’activation ou de contrôler 15 cartes dans son armée. Il y a également des Immortels qui proposent des conditions de victoire alternative. Après une bataille, s’il n’y a pas de grand vainqueur, un nettoyage des morts de son armée se fait, appelée le Chant des Morts, où chacun va devoir sacrifier la moitié de son armée (en gros, on supprime la moitié de ses cartes, arrondi au supérieur).

Début d’une armée avec 4 troupes (niveau I) et 2 héros (niveau II)

Bilan : on a vite compris que ce jeu, c’est du lourd. 8 factions avec 15 cartes par clan. Des pouvoirs différents. Des stratégies de jeu différentes selon les clans. Des combos entre clans qui se « marient » bien. Notre partie fut « poussive », surtout la première bataille. Mais ensuite, on avait pris nos marques et le reste fut déjà plus intéressant (malgré quelques erreurs inévitables de règles). Ce jeu n’est pas réservé pour les « casual gamer » car il est très important de connaître les clans et les cartes. Clairement. Un joueur expérimenté explosera tout joueur qui débute. Il n’y a pas, dans ce jeu, de chance de débutant. Victoire de Minh et achat pour Tchi (oui, il n’est pas là mais il nous l’avait commandé).


Pendant ce temps…


Jeu 3 : Pagan Le Destin de Roanoke

Source : Wyrmgold

Bon, on continue sur notre lancée de jeux à 2. Super Meeple propose Pagan, Le Destin de Roanoke, jeu asymétrique au temps des chasses aux sorcières (pas une période très glorieuse de notre histoire). D’un côté, Bob joue le chasseur de sorcière et, de l’autre, Minh s’empare de la vilaine sorcière qui s’est emparée du corps d’une innocente victime, à savoir un villageois ou villageoise. Le job est de trouver cette personne et de l’occire (pour le chasseur). Ou de ne pas se faire prendre et traîner ce bon vieux chasseur dans l’erreur ou la honte (pour la sorcière).

La mise en place de départ

Pour y parvenir, la sorcière va tenter de réussir un rituel, qui lui donnera la victoire, en réunissant ce qu’on appelle des secrets. Le chasseur peut, s’il pense qu’il a trouvé la sorcière, faire pendre haut et court son principal suspect. S’il s’avère que le pendu fut la sorcière, le village l’acclamera jusqu’à la fin des temps. Dans le cas contraire, la honte s’ablatera sur lui et il devra recommencer à presque zéro ses investigations. 3 pendaisons ratées (c’est déjà énorme !) et la partie s’achève pour le chasseur.

Le plateau du Chasseur, avec 2 alliés en-dessous

Le jeu se déroule en succession de pose de pions d’action sur les villageois pour obtenir des avantages et enquêter sur les différentes familles de villageois. Le chasseur pourra s’entourer d’alliés puissants ou de revendiquer des lieux emblématiques, lui octroyant des bonus. La sorcière va préparer de puissantes potions et améliorer son familier préféré.

Les interrogatoires des suspects

Bilan : l’asymétrie est bien présente et il faut admettre que l’on s’est bien amusé, au début, à jouer notre propre personnage, ses cartes et ses mécaniques. Mais, au bout d’un moment, une certaine lassitude s’est installée. On passe notre temps à tenter de submerger son adversaire avec soit des secrets, soit des enquêtes réussies. Et le job consiste à démolir ce qu’entreprend son adversaire du jour jusqu’à ce que la stratégie de l’un dépasse celle de l’autre. On a arrêté en cours de route, même si Minh avait un léger avantage sur Bob. Pas d’achat et sentiment mitigé.


Jeu 4 : Lofoten

Source : Pearl Games

En voilà une jolie boîte avec décor de viking (dans le grand nord) et qui se joue à 2 joueurs. Chouette, on s’installe. Lofoten de Pearl Games est un jeu se déroulant dans le… Lofoten. Aujourd’hui, ce lieu est surtout connu pour être l’un des plus beaux archipels du monde mais, au temps des vikings, c’était une place importante de commerce. Et c’est bien de cela que l’on parle ici, de marchandises et d’argent. Prenez place sur vos drakkars mais oubliez les armes.

La flottille de chaque joueur avec les drakkars sur chaque côté (une carte est une commande et un jeton est une marchandise)

Le jeu se déroule en manches que les joueurs jouent successivement. Le but est d’aller chercher des marchandises et de les revendre grâce à des cartes « commande ». Chaque marchandise vendue se positionnera à côté des cartes « entrepôt », qui sont en quelque sorte les cartes d’objectifs communs. Chaque carte entrepôt permettra de marquer des points d’une manière différente (comme par exemple avoir plus de marchandises que son adversaire, peu importe le nombre).

Là où le jeu se démarque, c’est à la manière de jouer les cartes. Les cartes « commande » positionnées en main sont jouées selon leur position. Je m’explique. La carte sur sa droite servira à jouer sur le plateau « marché » de droite. Celle de gauche sur celui de gauche et, enfin, celle du milieu servira à passer une commande sur le drakkar (si disponible) positionné juste en face du joueur. C’est pas clair ? C’est normal, c’est d’ailleurs tout l’intérêt innovant du jeu, dérouter le joueur. Et c’est plutôt réussi. Une fois une commande passée et le drakkar concerné positionné face à un marché possédant la marchandise commandée, vous la récupérez. Ensuite, il faudra aller la revendre en la ramenant face à nous. On va passer son temps à tourner notre plateau individuel (représentant nos 4 drakkars) à gauche ou à droite, ainsi qu’à déplacer la flottille sur la droite ou la gauche. Si vous n’avez rien compris, c’est que j’ai réussi mon explication 🙂

C’est très réussi d’un point de vue esthétique et présence sur la table

Bilan : un GRAND OUI à la mécanique du jeu ! C’est innovant et c’est beau. Mais c’est « tête dans le guidon ». Mais l’interaction indirecte y est assez forte (on peut contrôler ce que recherche son adversaire et lui piquer). Mais la rejouabilité est importante car il y a 8 cartes « entrepôt » (et seules 4 sont jouées au cours d’une partie). Mais il faut être torturé pour jouer à un jeu comme ça car on pense et réfléchit à chaque instant. Victoire de Bob (qui avait mieux lu les conditions de scoring) et pas d’achat (mais encore une fois, Bob a hésité… ça doit être maladif).


Et ailleurs ?


Jeu 5 : Time of Empires

Source : Pearl Games

On est déjà chez Pearl Games et une table de Time of Empires se libère. On s’installe et on joue à 2 joueurs malgré une possibilité de jouer jusqu’à 4 joueurs. Attention, ce jeu est un vrai délire. Vraiment. C’est chaotique. C’est stressant. C’est épuisant. Mais c’est un vrai jeu avec des mécaniques simples mais fonctionnelles. Vous voulez tenter ?

Je vous préviens tout de suite, c’est un jeu « Temps réel« . A savoir que l’on va jouer exactement 3 âges de civilisation de 9 minutes chacun. Et pendant ce temps, on posera des sabliers, représentant des « ouvriers », nous permettant de réaliser des actions. C’est un vrai jeu de civilisation et c’est un vrai 4X en 27 minutes seulement. Hallucinant.

Le plateau central

Tout y est présent. Un plateau central représentant le monde. Des merveilles à bâtir. Des leaders à influencer. Des technologies à développer. Des ressources à construire et stocker (les idées, les briques et la population). Des bâtiments à construire. Des soldats et des érudits à enrôler et former. Et bien évidemment, la guerre. Toujours la guerre.

Un leader

Une application obligatoire est nécessaire pour rythmer la partie (les 9 minutes), donner une touche d’immersion avec une bande son appropriée, annoncer les naissances de l’empire et enfin aider aux différents décomptes. Sinon, c’est un classique jeu de gestion de ressources, de prise de territoire et de stratégie sur le « court » long terme. Fait amusant, on peut attaquer son adversaire sans qu’il s’en rende compte, s’il se retrouve trop obnubilé par ses actions du moment.

Un jeu riche mais pas d’indigestion de matériel sur la table

Bilan : le chaos règne en maître sur ce jeu et c’est bien dans cela que ce jeu ne conviendra pas à tous. L’erreur de jeu est probablement omniprésente (en tout cas dans les premières parties) et peut avoir des répercussions sur le déroulement du jeu. Mais sinon, c’est vraiment une réussite ludique. Arriver à vivre tant d’émotions sur un jeu qui ne dépassera pas l’heure de jeu à 4 joueurs (en comptant les décomptes), c’est vraiment fort. Ici, pas de paralysis analysis et rien que pour ça, ce jeu mérite de l’attention (on a tous dans nos groupes de jeux un membre de ce culte étrange de la paralysie d’analyse… mais c’est toujours les autres, c’est jamais nous-même). Victoire écrasante de Minh et pas d’achat (et pas d’hésitation de Bob… pour le moment). A noter que cette mécanique d’action par des sabliers existait déjà avec un jeu pour enfants, Une Histoire de Pirates, testé au FIJ en 2019, mais avec une mécanique coopérative.


Jeu 6 : Mindbug First Contact

Source : Iello

La fin de journée approche. Il reste encore du temps pour tester un petit jeu à 2 joueurs et nous nous arrêtons tout naturellement chez Iello pour tester Mind Bug, la dernière création du maître Richard Garfield (en cocréation avec 3 autres auteurs de jeux).

Ici, c’est du combat pur et dur. On pioche 10 cartes par joueur (sur un total de 48 cartes). On prend 5 cartes en main et on commence. Le but est d’invoquer des créatures loufoques et de les envoyez combattre son adversaire. Rien d’extraordinaire jusqu’ici, c’est du archi-archi-connu. Là où le jeu se démarque, c’est par l’alchimie réussie entre tactique (quand poser la bonne carte), simplicité (le jeu est expliqué en 2 minutes) et rapidité (une partie dure entre 5 et 10 minutes). Il n’y a même pas de gestion de ressources ou de coût des cartes à payer, tout se pose simplement. La seule « innovation » du jeu, qui le démarque d’un vulgaire jeu de cartes, c’est la possibilité de voler la carte d’un adversaire quand elle est jouée (et uniquement à ce moment-là). On peut faire cela 2 fois uniquement au cours d’une partie, il faut bien choisir son moment. Du coup, tout est réuni pour enchaîner les parties !

Bilan : soyons clairs. Ce jeu ne révolutionne absolument rien. Il est plaisant et le plaisir d’y jouer est bien présent. Mais n’allez pas imaginer qu’il s’agit d’une pépite ludique. Non. C’est un bon jeu simple avec une phase d’opportunisme intéressante en fonction de nos cartes et de celles de l’adversaire. 3 parties en tout, victoire de Minh 2 à 1. Achat pour Minh.


Et quoi d’autres ?

Le premier jour a été marqué par une organisation chaotique au niveau de l’entrée des exposants et des professionnels. L’emplacement a été changé par rapport aux autres années et il y avait beaucoup trop de monde devant le casino et le long de la Croisette de si bon matin… Mais sinon, bravo pour l’organisation de ce superbe événement, tout a été presque parfait.

Il y avait du monde le matin pour faire la queue chez les pros et les exposants (c’était un peu le bordel…)
Minh, le Roi des Bobgames (et du dilemme)
Beat That ! (ou comment réinventer un grand classique)
Dans les Cordes, déjà testé au FIJ en 2020
Radlands chez Lucky Duck Games
Flamecraft chez Lucky Duck Games

La nuit est tombée sur Cannes, la journée pro est terminée et les As d’Or ont été dévoilés. Revivez ci-dessous la cérémonie au grand complet.

Ne ratez pas la nouveauté Manjmonku en fin de cérémonie 😉

Et les jours d’avant ? Partie 1

On vous a dit qu’on a d’abord fait un périple à Narbonne avant de venir à Cannes. Voici 3 moments en photos. D’autres suivront.

Voyage en train jusqu’à Narbonne
Super Mega Lucky Box
Citadelles

Quelle première journée !! Beaucoup d’émotions et des belles rencontres. On se revoit dans pas longtemps pour la 2ème journée.

Et à bientôt.

Une réflexion sur “FIJ 2023 : Cannes, 1er jour

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