Quand Iello a annoncé en novembre 2021 qu’ils ne changeront pas le nom de leur nouveau jeu en localisation française, à savoir Bitoku, la communauté Facebook s’est enflammée 😉 Plus de 1600 « like » et 463 commentaires pour cette simple annonce avec une photo et 4 mots.

Sans étonnement, on ne peut s’imaginer qu’un jeu qui porte ce nom se rapproche plus du fantastique animé japonais Princesse Mononoké (Studio Ghibli), dans sa philosophie et son esthétisme, que ce que vous avez actuellement en tête (espèce de gros dégoûtant !!!).

Bon, si vous voulez franchir le cap du « sous la ceinture », éloignez toute mauvaise pensée et focalisez vous sur le grand esprit de la Forêt… c’est bon ? Alors venez !

C’est quoi ?
Il y a bien longtemps, du temps de nos ancêtres, à une époque oubliée par l’humanité, un grand esprit habitait une immense forêt. Sa seule présence imprégnait toute chose de vie et assurait l’abondance et la paix. Une fois révolu le temps qui lui était imparti, le grand esprit s’en allait pour ne plus jamais revenir.
German P. Milan (auteur du jeu)
Un esprit vertueux digne de prendre sa place, appelé Bitoku, était alors élu pour continuer à préserver l’harmonie de la forêt.
Et, vous l’avez compris, vous êtes cet esprit vertueux, donc un Bitoku, qui voulez devenir le grand esprit de la forêt, rien que ça. Le jeu se déroule en 4 manches, qui représentent les 4 dernières années de vie du grand esprit. Chaque année est divisée en 4 saisons. C’est un jeu touffu, le plateau est tout « vert » et assez illisible au premier regard, les règles sont assez denses (26 pages avec la couverture et sans le mode solo), les noms des lieux, des cartes et des « créatures » sont alambiqués… bref, les joueurs autour de la table ont un peu peur de ce qu’ils vont découvrir…

Comment ?
Comme tous les jeux du monde, les règles sont très limpides. Non, je déconne. Comme pour tous les jeux catégorisés « expert », les règles sont donc assez lourdes. Elles ont pourtant bien été réfléchies car elles sont divisées en 3 grandes chapitres : la classique « Mise en place », l’explication des 4 saisons du jeu et enfin tous les éléments de la « Forêt » (le plateau). Bien que le début de la lecture soit poussif, on a une bien meilleure vision du jeu une fois arrivé en fin de règle.

En gros résumé, pendant la phase principale de l’été, saison la plus longue, vous pourrez faire l’une de ces 4 actions de base ci-dessous. Sachez d’abord que notre tâche est difficile et que nous sommes heureusement assistés par des Yokaïs. Ce sont des créatures qui veillent sur la forêt et qui vont effectuer nos besognes. On les trouve sous forme de cartes et de dés.
- Jouer une carte Yokaï de notre main
Premier élément moteur du jeu, le deckbuilding. On commence avec un deck de départ et, vous vous en doutez, l’idée est d’aller acquérir de nouvelles cartes avec des pouvoir plus puissants, tout en recherchant un effet combo. On peut jouer au maximum 3 cartes pendant cette saison et chaque action permettra de débloquer un dé.

- Utiliser un dé débloqué de notre plateau individuel
Le dé n’est pas lancé. Non. Il est posé sur un chiffre, qui représente sa puissance. Plus le chiffre est élevé, plus son action sera forte et utile. Mais ces dés Yokaï vont se « fatiguer » au fil de la partie, on pourra dès lors utiliser des amulettes de puissance pour les améliorer. Avec ce dé, donc, on va pouvoir le jouer pour visiter la forêt et effectuer les actions correspondantes de la forêt et des éventuels bâtiments que l’on aura construit.

- Traverser la rivière
Enfin, une fois un dé débloqué posé dans la forêt, il va pouvoir traverser la rivière (et ça va le fatiguer et donc le diminuer) pour aller chercher un avantage. Cet avantage est toujours le même parmi trois choix : prendre une nouvelle carte Yokaï ou une nouvelle carte Bitoku, ou alors effectuer 2 actions parmi 4 proposées.

- Passer
Enfin, quand le joueur ne peut / veut plus rien faire, il passe et il attend que tous les autres joueurs fassent de même. Ensuite, on avance les saisons avec généralement la remise à zéro de la forêt et une nouvelle manche qui va s’activer.

Dans Bitoku, il y a beaucoup de manière de marquer des points. En vrac, voici quelques moyens d’y arriver :
- Les chemins : le Bitoku et la Sagesse
- Les bâtiments dans les zones habitées
- Les Terres des Yomis, les Escaliers de la connaissance, la Demeure du grand esprit, la clairière de jade ou encore les Forges
On va arrêté ici la pseudo explication du « comment on joue ? » car, pour aller plus loin, il vaut mieux lire les règles ou regarder la vidéorègle de Chaps.

Et alors ?
Première année
3 joueurs : Bob, Stéphane et Minh. Au premier tour, on a été comme des enfants devant un jouet de logique… on a tâtonné, on a expérimenté, on a essayé de comprendre… Tout ça mélangé avec la multitude de possibilités et ça nous a fait un premier tour TRÈS long.

Deuxième année
Mais au deuxième tour, tout s’est bien mieux déroulé. La logique était comprise, les mécanismes assimilés et la partie a vraiment démarré. Enfin, elle a démarré pour Minh surtout… Il a encore une fois montré ses capacités à comprendre avant les autres le jeu qu’il a en face de lui. Il s’est lancé dans les chemins très rapidement et a pris presque tout ce qu’il y avait à prendre. Pendant ce temps, Bob s’est enlisé dans la recherche d’amulettes de puissance car ses dés étaient tous moisis. Stéphane s’est montré perspicace dans le scoring de points en entreprenant toute démarche en vue de marquer des points rapidement. Il tenait la tête à ce moment-là.

Troisième année
Bob s’est réveillé. Sa partie a commencé. Il a cherché à optimiser l’utilisation de ses Yokaïs et s’est lancé dans la construction de bâtiments et l’acquisition de cartes Bitoku (pour faire le Chemin de Bitoku). Sans faire attention (vraiment), il a pris la carte « unique », carte lui permettant de finir le Chemin avec 7 cartes différentes. Minh enrageait car, lui, l’avait bien repérée mais Bob a joué avant lui. Stéphane a continué sa stratégie à points immédiats et Minh a continué son développement des Chemins, mais pas que, tout en cherchant de belles cartes Yokaïs (c’est la bataille… ok je sors).

Quatrième année
La dernière année s’est déroulée exactement comme tout le monde le pensait. Fini la stratégie sur le long terme, tout le monde a cherché à marquer des points immédiats. Stéphane n’a donc rien changé. Bob a finalisé ses objectifs de marquage de points pour le décompte. Minh a explosé le Chemin de la Sagesse et celui du Bitoku (enfin presque, il n’avait que 6 cartes). A ce moment, Minh est (très) loin devant dans la piste de score. Bob et Stéphane se marquent à la culotte.

L’Ascension (ou décompte final)
En fin de partie, on procède à un décompte final qui comprend :
- La récolte des fruits provenant des cristaux
- Le premier joueur en fin de partie
- Le Chemin du Bitoku
- Les trésors du Lac
- Les Rochers d’Iwakura
- Les Gardiens rendant hommage
- La révélation des Visions
- L’accomplissement du Destin
Bob a fait la plus belle Ascension et termine avec 164 points, mais cela n’aura pas suffit à rattraper Minh avec ses 186 points. Stéphane complète le podium (ou termine dernier, à vous de voir) avec 104 points. Bravo à Minh, qui devient le Grand Esprit de la Forêt, le Bitoku (à bien y réfléchir, c’est pas glorieux comme victoire…).

Et qu’en pensent les autres joueurs ?
Stéphane C'est moi ou c'est une immense salade de points qui part dans tous les sens ?!

Minh Pas une salade, mais plutôt un buffet 😀
Conclusion
Malgré toute la splendeur du matériel et la beauté du jeu, malgré la bande son de Princesse Mononoké pendant la partie, malgré tous ces noms féériques (ou tarabiscotés, c’est selon), l’immersion n’est pas vraiment présente. Je n’oserai pas dire que le thème est plaqué mais presque. C’est plein de mécaniques déjà connues et il faut avouer que le tout fonctionne bien, mais on n’est pas dans la forêt quand on joue à Bitoku. Non. On est à la recherche de points pour battre ses adversaires. Rien de grave car le jeu est bon, très bon, mais c’est un peu dommage et c’est ce qui empêchera à Bitoku d’être un jeu extraordinaire.
Un point sur le rangement de l’abondant matériel
Avant de finir, un petit mot sur le matériel et le rangement dans la boîte. Si vous n’aimez pas la multitude de petits sachets en plastique, je vous recommande fortement l’utilisation d’un insert. Soit un modèle tout prêt dans le commerce, comme celui-ci en lien , soit par l’impression 3D (le modèle ci-dessous sur Thingiverse).

Les éditeurs font beaucoup d’efforts sur le matériel mais rarement sur le rangement. Un jeu comme Bitoku peut vite devenir un cauchemar pour la mise en place ou le rangement… et c’est bien dommage.


Bref, Bitoku est un grand jeu et on le reverra aux Bobgames.
Et à bientôt !
C’est vraiment très très chargé tout ça!
Vous avez pas eu mal a la tête?
Encore un excellent article. Merci DANIEL
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Étrangement non, au final c’est même très fluide 😅
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