Oui, on termine cette saison 10 par un autre jeu avec une thématique forte de l’espace. SETI : Recherche d’Intelligence Extraterrestre est un jeu de Tomáš Holek, francisé par Iello. SETI ? Le programme SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) est une initiative scientifique qui cherche à détecter des signaux provenant de civilisations extraterrestres en analysant les ondes radio et autres formes de communication émanant de l’espace. Et c’est ce que nous allons faire dans ce jeu, scanner le système solaire / l’univers et envoyer des sondes spatiales sur des planètes (un peu comme le programme Voyager). Notre seul objectif (à part gagner bien sûr) ? découvrir des traces d’extraterrestres et tenter de communiquer avec eux.

Autant vous prévenir tout de suite, c’est un jeu expert. Mais les règles sont diaboliquement simples. Mais les possibilités sont innombrables. C’est un jeu à l’immersion profonde. Oui, vraiment. C’est un jeu avec 138 cartes toutes différentes (un peu comme Terraforming Mars et Ark Nova). Pas vraiment de place à la chance ici, c’est stratégique et c’est opportuniste. Vous allez comprendre pourquoi en lisant la suite. Qu’ont réalisé Tchi, Minh et Bob ? Allez !
Où que vous regardiez dans le ciel, vos
yeux se posent sur un million de galaxies,
chacune composée de milliards d’étoiles.
Ces étoiles peuvent avoir des planètes
en orbite et ces planètes peuvent
abriter la vie… une vie potentiellement
dotée d’intelligence. Cela signifie que,
où que vous dirigiez votre télescope,
vous pourriez être en train de regarder
quelqu’un qui vous regarde également.

C’est quoi ?
SETI, c’est l’exploration spatiale en restant sur Terre. Enfin presque. On écoute (beaucoup) et on envoie quand même quelques engins spatiaux. Le jeu est axé sur la découverte et la recherche de vie extraterrestre. Vous êtes convaincu que cette vie existe quelque part dans l’univers, mais encore faut-il parvenir à en détecter les signes. En gérant avec soin des ressources limitées, vous enverrez des sondes, scruterez des planètes lointaines, analyserez les étoiles et ferez progresser l’exobiologie (oui, c’est un mot savant et je vous invite à cliquer sur le lien pour entrer davantage dans la thématique). Chaque joueur dirige sa propre agence d’exploration scientifique, s’appuyant sur des technologies inspirées du réel pour tenter de percer l’un des plus fascinants mystères cosmiques.

Comment ?
Le plateau principal est composé du système solaire et des galaxies lointaines, très lointaines. On y trouve aussi l’ensemble des planètes du système solaire (et leurs lunes) en détail, permettant à nos sondes de se mette en orbite ou d’atterrir. Il y a également les 3 différents signaux qui peuvent nous apporter la preuve d’une vie extraterrestre. Enfin, dans SETI, on peut trouver 2 races extraterrestres (tirées au hasard sur un total de 5 races). Les signaux sont : les traces par le « bruit » spatial (qu’on trouve en scannant), les traces par l’exploration des planètes (en posant des sondes dessus) et les traces par analyses de données (en récoltant de la data un peu partout).

La partie se déroule en cinq manches. À chaque tour, les joueurs effectuent une action, puis passent la main au joueur suivant, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous aient passé. Une fois la manche terminée, on prépare la suivante en collectant les revenus. Ce cycle se répète jusqu’à la fin de la cinquième manche où l’on procède alors au décompte final pour déterminer le vainqueur. Les actions possibles sont :
- Lancer une sonde : point de départ, la Terre évidemment
- Mettre une sonde sur orbite : sur une autre planète, pas de retour sur Terre 😉
- Poser une sonde : toujours sur une autre planète
- Scanner un secteur : de base, le secteur qui se trouve en face de la Terre
- Analyser des données : après avoir récolté de la data, on lance les ordis
- Jouer une carte : les cartes, coeur du jeu
- Rechercher une technologie : pour progresser et s’améliorer
- Passer : et attendre que tout le monde fasse pareil

Mais il y a aussi des actions « gratuites » qui ne comptent pas dans l’action obligatoire d’un tour et que vous pouvez faire autant de fois que vous le souhaitez / pouvez (oui, c’est le même système que Narak) :
- Déplacer une sonde : en payant une énergie par déplacement
- Défausser une carte : et gagner le bonus indiqué en haut à gauche
- Accomplir une mission : c’est réussir un objectif personnel sur une de ses cartes
- Transférer des données dans l’ordinateur : avec les data que l’on a en réserve

Le cœur du jeu est clairement le bon usage des cartes, il y en a avec des bonus à usage unique, d’autres avec des missions à accomplir et encore d’autres qui sont à des usages de fin de partie. Rester à court de cartes ne sera pas une bonne idée, encore faut-il avoir les ressources nécessaires pour les payer…

Autre élément central du jeu : les races extraterrestres. Chacune modifie les règles de base en introduisant des effets uniques qu’il faudra intégrer à sa stratégie pour espérer l’emporter. Au début de chaque partie, deux races sont sélectionnées aléatoirement et placées face cachée. Elles seront révélées progressivement au cours de la partie, ajoutant une dimension de surprise et d’adaptation constante.

Enfin, l’élément central du jeu : le système solaire rotatif. Ce mécanisme impressionnant simule la rotation des planètes et bouleverse constamment les trajectoires. Une sonde bien alignée vers Mars peut, en un clin d’œil, se retrouver totalement décalée, rendant son déplacement soudain bien plus coûteux, parfois même irréalisable. Il faut donc apprendre à anticiper ces mouvements célestes… ou à improviser brillamment. Les rotations sont déclenchées à la fin de chaque manche, mais aussi (et c’est là que ça devient intéressant) dès qu’un joueur débloque une nouvelle technologie. Autant dire que le ciel peut changer très vite !

En fin de partie, on procède au décompte final : les cartes « fin de partie », les tuiles « Score » dorées (dont je n’ai pas parlé ici mais qui sont une petite course aux objectifs les plus rentables, une sorte de paris pour la fin de partie) et les éventuels points attribués par les races extraterrestres.
Et alors ?
Des cartes ? Des ressources ? Une victoire de Minh ? Eh bein… non. Mais il s’en est fallu de peu ! Dès le départ, notre cher Minh s’est lancé à corps perdu dans une frénésie de pioche, construisant patiemment un véritable petit empire de cartes. Longtemps à la traîne, il a su faire décoller son moteur de jeu au fil des cinq manches, terminant avec plus de dix cartes « revenus » et une puissance redoutable. Franchement, s’il y avait eu une sixième manche, personne ne lui aurait résisté. Mais SETI ne laisse pas de place aux regrets : le jeu s’arrête après cinq manches et il fallait mieux capitaliser sur les explorations planétaires en début de partie, véritable booster pour bien se lancer. Résultat : une très solide deuxième place à 228 points… et des sueurs froides pour le vainqueur.

Et puis il y a Bob. Dès le départ, il a misé sur les sondes : c’est lui qui a sorti les deux premières, s’empressant de se répandre dans le système solaire tout en optimisant chaque déplacement (certains diront opportuniste, d’autres stratège éclairé). Il a volontairement laissé de côté les scans en début de partie, préférant jouer les conquérants planétaires. Cette stratégie lui a permis de découvrir en premier l’une des races extraterrestres. Un choix audacieux, puisque cette race, aussi généreuse que capricieuse, imposait en fin de partie une pénalité de 10 % sur le score final à celui qui risquerait le plus à s’y frotter (et ce fut Bob, évidemment). Le genre de risque qui peut faire basculer une victoire… ou l’enflammer. Mais Bob a tenu bon. Il s’est recentré sur ses objectifs extraterrestres, a semé les signaux comme des balises dans l’infini (14 contre 10 pour Minh et 6 pour Tchi) et a su faire fructifier chaque action. Résultat : 250 points au compteur, malgré 28 points de pénalité.
Et puis il y a eu Tchi. Une partie solide, mais plombée dès la fin de la première manche. Pensant réaliser un coup de poker en sacrifiant ses cartes pour un départ fulgurant, il a tout simplement oublié… les revenus. Une erreur coûteuse. Malgré tout, il a tenu bon, restant dans la course et parvenant même à prendre brièvement la tête au score lors de la troisième manche. Mais son moteur à lui n’a jamais vraiment démarré. Tandis que ses deux adversaires accéléraient en fin de partie, Tchi a vu le peloton s’éloigner sans pouvoir réagir. Il termine troisième avec 147 points, loin d’être ridicule, mais pas suffisant cette fois.
Et qu’en pensent les autres joueurs ?
Bob
"Mais c'est bien Tchi, c'est déjà pas mal de finir avec 147 points..."
Sa réponse : un joli "Ta gueu..." bien mérité.
Tchi
"Ta gueu.. Bob !!"
Minh
se refuse à commenter, il n'a pas l'habitude de perdre 😀

Et qu’en pense le RESTE DU MONDE ?
Euh mais euh, sur BGG, c’est une 49ème place mondiale mais surtout une note de 8.4 et c’est peut-être un détail pour vous, mais pour les joueuses et joueurs ça veut dire beaucoup ! Futur hit assuré ! Et ne vous laisser pas faire peur par ce poids de 3.77 (même s’il les vaut), les règles sont simples à comprendre mais c’est ce que l’on en fait qui va tout changer.

Conclusion
Pas besoin de tergiverser pendant 107 ans. SETI est un grand jeu. Punaise mais quelle claque ludique ! Ce qui rend SETI si remarquable, c’est son équilibre entre réalisme scientifique et immersion ludique. Le jeu plonge les joueurs dans une quête crédible de vie extraterrestre, en s’appuyant sur des concepts tangibles d’astronomie, de biologie et de technologie, sans jamais sacrifier le plaisir de jeu. Chaque mécanisme sert le thème : la rotation du système solaire oblige à anticiper et replanifier constamment, les races extraterrestres ajoutent des règles dynamiques et changeantes et les objectifs variés forcent à faire des choix à chaque tour.

SETI brille aussi par sa profondeur stratégique. Rien n’est automatique. Il faut construire un moteur de ressources, gérer ses cartes, déployer ses sondes avec intelligence et toujours garder un œil sur les opportunités qui émergent. C’est un jeu où l’on construit sur le long terme, tout en s’adaptant en permanence. Enfin, le jeu impressionne par sa cohérence d’ensemble : tout s’imbrique naturellement, c’est super fluide et les règles sont simples à appréhender (coucou Sankoré, terreur des joueuses et joueurs, monstre sacré de la petite règle entre 2 virgules en page 12). Et quand on referme la boîte après plus de cinq heures de jeu intense (oui, 5 heures à 3 joueurs), on se dit qu’on vient de vivre une véritable expédition interstellaire. Une expérience rare, riche et mémorable.
Et à bientôt !
Daniel aka Bob
(l’article vous a plus, ou pas, donnez votre avis ci-dessous avec les pouces)
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