Dimanche 2 mars 2025, 7h09. Dernier jour. Une pointe de tristesse nous envahit, comme une vague qui nous submerge doucement. On sait que la journée qui nous attend marquera la fin de cette parenthèse magique, qu’à partir de demain, on devra affronter le train-train quotidien, retrouver le rythme effréné et les obligations. L’hôtel sera bientôt derrière nous, tout comme ses fameux petits déjeuners. Mais, avant de plonger dans la routine, on sait qu’il nous reste encore cinq longues heures à savourer. Cinq heures pour profiter encore un peu de l’ambiance, des découvertes, des rencontres. Alors, on se prépare avec entrain, on se motive, et malgré la nostalgie qui pointe, on se lance à fond dans cette dernière journée, prêts à en tirer le meilleur avant de repartir.

La douceur matinale (mais quelle chance avec la météo quand même) nous accueille et on se dirige vers l’entrée où la traditionnelle foule s’agglutine vers les entrées.

Le dimanche, on en profite généralement pour jouer, bien sûr, mais surtout prendre le temps de tout voir et savourer les moments. Suivez le guide !
On a beau être dimanche, que c’est le 5ème jour du festival, bein on court tous pour une table. Ma précieuse !!!
Jeu 34 : Babylon

Notre course matinale a porté ses fruits. Marion, Tessa, Alana et moi sommes confortablement installés devant Babylon, un beau jeu édité par Geek Attitude Games. L’objectif ? reconstruire la fameuse merveille des Jardins suspendus de Babylone. Et franchement, c’est réussi. Explications.

Des règles simples mais avec plusieurs petites spécificités : à son tour, on commence par creuser, à savoir par prendre une tuile qui va nous donner un stock de matériau (piliers simples ou doubles, belvédères, escaliers, fontaines, statues ou ponts) ; ensuite on peut utiliser cette tuile et les matériaux pour construire un étage supplémentaires et des éléments de décor ; enfin, on défausse ce qu’il nous reste à l’exception d’un pilier. Evidemment, les règles de pose sont alambiquées mais vite comprises, ça devient fluide dès le deuxième tour. On va jouer ainsi jusqu’à la fin des tuiles à creuser et on compte la salade de points de nos jardins.

Bilan : C’est beau, c’est frais, c’est jouissif de voir sa création prendre forme et c’est relativement simple. C’est aussi un jeu « dans sa mangeoire », à savoir qu’on va pas ou peu regarder ce que font les autres joueurs. Le jeu est aussi plus stratégique que l’on croit si on arrive à anticiper ce que l’on veut développer (genre arriver à un 4ème étage avec un escalier). Super. Bravo. Partie en 1h20 avec les règles à 4 joueurs. Victoire de Marion, exæquo de points avec Alana. Achat avec dédicace de l’auteur.

Pendant ce temps… dehors








Ambiance festival








Jeu 35 : Time Trouble

Dernier jeu de ce FIJ. On joue à Time Trouble chez Hans im Gluck. A la table : Alana, Tessa, Minh et votre humble serviteur. On finira avec un jeu coopératif (tiens, encore) aux dessins colorés et fantaisistes. Attrape les Fluffies qui foutent le bordel et sauve le temps ! Oui, c’est le but du jeu. On doit guider quatre personnages à travers différentes époques, en superposant des cartes transparentes. Chaque niveau te balance dans une époque différente avec de nouveaux défis, mais le truc, c’est que tu n’as que 40 secondes pour agir à chaque manche. Alors faut vraiment s’organiser (et sans dévoiler nos cartes), utiliser les pouvoirs des persos et bosser ensemble avant que le temps nous submerge.

Bilan : Le timer de 40 secondes, c’est top, ça met de la pression et ça rend tout plus intense. Ça te pousse à prendre des décisions rapides, à ne pas trop réfléchir et à vraiment rentrer dans l’action. Ça crée un stress amusant où chaque seconde compte, ce qui donne ub vrai rythme au jeu. Bravo pour ce jeu. 40 minutes avec les règles à 4 joueurs. Victoire de l’équipe. Pas d’achat car pas encore francisé (on le trouve en allemand ou anglais).

La traditionnelle rencontre avec Pierô La Lune

Combat avec Cthulhu et ses sbires…
La confrérie des gros barbus

Quand on parle de la « Confrérie des Gros Barbus », on évoque une bande de joueurs passionnés, généralement entre 40 et 60 ans, qui ont traversé les âges d’or du jeu de rôle et des jeux de société experts. Avec nos barbes bien fournies et nos petites bedaines, on se reconnaît dans cette communauté qui a pris le temps d’explorer des univers ludiques profonds, de peaufiner des stratégies complexes et d’immerger dans des histoires captivantes. C’est une manière de dire qu’on fait partie de ceux qui ont vu le jeu évoluer, de ceux qui ont vécu la transition du jeu à une époque où il n’y avait pas de règles aussi structurées, à aujourd’hui où chaque partie devient un véritable terrain de réflexion et de créativité (quoique…).

Mais au-delà de l’aspect physique, la « confrérie » c’est un état d’esprit. C’est la camaraderie d’une époque où, entre amis, on refait le monde en jouant à des jeux de rôle ou en s’attaquant à des gros jeux de stratégie. C’est aussi un clin d’œil à notre expérience collective, partagée à travers les années, dans un esprit d’entraide et de convivialité. Oui, je suis un membre de la CGB.

Bilan de ce festival 2025
Le FIJ, c’est l’occasion de découvrir de nouveaux jeux, oui, mais aussi de se rendre compte de la tendance actuelle dans l’industrie du jeu de société : la copie et la pauvreté créative qui va avec. Sérieusement, on a l’impression qu’on nous sert à chaque fois la même recette avec un léger changement d’ingrédients, juste histoire de se dire qu’on innove (l’ensemble des UNO-like est le meilleur exemple). La manie de vouloir calquer des mécaniques éprouvées pour capter le marché est plus qu’ennuyante. Où est passée l’audace, l’envie de prendre des risques et de proposer quelque chose de vraiment nouveau ?
Bien sûr, il y a des jeux sympas, accessibles, qui te plongent rapidement dans l’univers sans te perdre dans des règles interminables (bravo à Dékal ou For A Crown). Mais est-ce que l’immersion n’est pas justement ce qui manque à une majorité de titres aujourd’hui ? Un peu plus de narration, un peu plus de complexité, un peu plus d’ambiance, voilà ce qu’on attend (Behind ou Fil Rouge sont un bon exemple). Les joueurs sont prêts à se plonger dans des univers différents et un peu plus imaginatifs (pas merci aux jeux « nature », d’un ennui terrifiant à la longue), mais faut-il encore qu’on leur en donne les moyens sans les noyer dans un océan de règles sans âme (citons Happy Dayz ou Hutan).
Et puis, cette tendance des jeux coopératifs… Franchement, c’est cool d’être dans un jeu où l’on coopère, mais parfois, c’est comme si on avait oublié qu’un peu de compétition peut aussi être agréable. Oui, on peut s’entraider sans se faire chi…, mais il faut aussi du sel dans l’histoire. Des mécaniques intéressantes, des rebondissements, des moments où ça chauffe et où la pression monte un peu.
Et pour être juste, on doit aussi saluer les gros jeux experts qui ne cèdent pas à cette facilité. Il y en a moins mais il y en a encore. Des jeux comme Sankoré, qui se distinguent vraiment. Ce genre de jeu, plus lourd et plus élaboré, demande de l’engagement et de la réflexion à chaque étape. Les mécaniques sont pointues, la stratégie est omniprésente et l’immersion dans le thème est profonde. Ce ne sont pas des jeux à sortir quand tu veux juste passer un moment tranquille entre amis, mais quand tu as envie d’un défi, d’une véritable aventure qui te pousse à réfléchir à long terme. C’est là qu’on voit la différence entre une vraie innovation et une simple réinvention de la même chose.
En somme, si le FIJ nous montre des jeux de société plus accessibles, il faudrait aussi qu’il nous rappelle que la vraie innovation, celle qui secoue un peu, ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Il est temps que les créateurs (et surtout les éditeurs) sortent des sentiers battus et nous offrent quelque chose de plus audacieux. La qualité au détriment de la quantité. Parce qu’au final, c’est ça qui nous fait vibrer, non ?
Et à bientôt.
Daniel aka Bob

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