FIJ 2025 : Cannes, 4ème jour

Samedi 1er mars 2025, 8h36. Journée historiquement la pire de tout le festival : tout le monde est là – les experts, les casuals, les amateurs, les familles, les curieux, les pros – et ça se ressent, c’est bondé de partout ! Mais on y trouve toujours notre compte malgré tout. Plusieurs jeux sont à tester. Tout le monde a un objectif plus ou moins précis.

Vous pouvez compter, on est 11 et au grand complet 🙂

On tente le diable ? on court ? L’attente de l’ouverture du FIJ, ça reste toujours un vrai dilemme pour nous. D’un côté, il y a ce jeu super demandé, celui que tout le monde a repéré, mais qui se trouve à l’autre bout du palais, à des années-lumière de là. De l’autre, il y a ce jeu plus près, un peu moins prisé, mais on sait qu’il risque d’être saturé en un rien de temps aussi. Et puis, il y a l’option tranquille : laisser tomber la chasse au jeu et fuir la foule pour aller où ça nous chante, dans un coin plus calme, où on pourrait peut-être dénicher une perle rare loin de la cohue. Suivez le guide !

Il y a du monde ? Pas plus que d’habitude…

La team Asmodée improvise une danse incroyable pour faire patienter la foule, bravo à toutes les animatrices et animateurs !

Jeu 25 : Mysterious Dungeons

Alors le premier jeu de la journée sera Mysterious Dungeons, édité par Trefl. Une exploration de donjons où il faut poser des tuiles prises au hasard (mais tous les joueurs jouent la même tuile sur leur plateau) pour accéder aux trésors et, surtout, échapper aux monstres. Pas de règle de pose, on prend sa tuile et on la dispose où l’on veut, dans le sens que l’on veut. A la fin, on vérifie le chemin accessible depuis l’entrée et sur combien de trésors on est tombé (pastille jaune, on ajoute un point) et sur combien de monstres on a rencontré (pastille rouge, on soustrait un point).

Bilan : Amusant. Mini casse-tête orienté jeune enfant, clairement, on s’amuse à optimiser sa pose et à devoir prendre des choix parfois difficiles sur l’abandon de trésors, laissés dans un coin sans accès. 12 minutes avec les règles pour 3 joueurs. Victoire pour moi. Pas d’achat.


Jeu 26 : Arbolito

Même stand, mais un autre éditeur, ABI Games, qui nous présente Arbolito. Un jeu également pour enfants qui met notre habileté à mal dès les premières minutes. En effet, il faut faire croître un arbre en lui posant des fleurs, parfois agrémentées d’oiseaux et de… chats. Attention car une maladresse fera tomber les feuilles et évidemment on les conserve. La partie s’arrête quand toutes les feuilles de fleurs d’un joueur sont posées sur l’arbre.

Bilan : c’est beau sans l’être vraiment. C’est ludique mais sans l’être vraiment. C’est réussi mais on a pas forcément envie d’y revenir. Sentiment mitigé. Trop enfantin peut-être. Partie de 15 minutes avec les règles à 3 joueurs. Encore une victoire personnelle… (oui bref, encore un jeu pour enfant…) Pas d’achat.


Pendant ce temps…

Ça joue et ça s’amuse !


Jeu 27 : Horrified : Greek Monsters

Horified, vous connaissez ? c’est une mécanique de jeu qui nous vient des USA, édité par Ravensburger. Ici c’est la version des monstres grecs et la thématique me plaît bien. Survivre à des monstres légendaires (Méduse et Cerbère pour cette partie) en coopératif, trouver le moyen de les vaincre et… les tuer.

Un joli plateau, bien coloré mais très clair

Le jeu repose sur un système d’actions où chaque joueur peut se déplacer, secourir des citoyens, collecter et utiliser des objets ou encore accomplir des quêtes spécifiques liées aux monstres. En parallèle, les créatures se déplacent et attaquent selon des cartes tirées à chaque tour, intensifiant la menace. Le cœur du jeu, c’est les objets. Ils apparaissent à chaque tour et les récolter est une des priorités, car ils seront utiles pour se protéger des attaques et surtout accomplir les quêtes pour terrasser les monstres.

Un héros, le Gardien

Bilan : D’habitude, les jeux Ravensburger me posent problème, ce sont souvent de jolis jeux peu aboutis (mais il y a des exceptions et il faut souligner qu’ils font de gros efforts pour changer cette image). Et bien cet Horrified est une belle surprise qui mélange tension, coopération, choix difficiles et (surtout) immersion. Oui, immersion. On est vraiment dans l’Olympe et on s’y sent bien. Bravo. Partie en 1h20 avec les règles à 3 joueurs. Victoire de l’équipe mais avec seulement 2 monstres (normalement il en faut 3). Pas d’achat.

Méduse, à éliminer en 2 étapes

Jeu 28 : The Same GaMe

Encore un coopératif. On est chez Blackrock Games pour tester The Same Game, édité par Spielwiese. On s’installe avec 2 sympathiques inconnus. On nous explique les règles. J’y comprends rien. On joue un premier tour. Je fais faux. On perd. J’ai rien compris. On me réexplique les règles. J’ai compris. On rejoue. Tous les autres joueurs font leur tour. On gagne. Arrive mon tour. Je joue. On perd. Bref. J’ai définitivement rien compris à ce jeu.

The Same Game est un jeu coopératif où les joueurs doivent trouver des points communs entre des objets qui, à première vue, n’ont rien à voir. À chaque tour, on compare des éléments en s’appuyant sur différents critères : forme, usage, origine, ou même des liens plus abstraits comme l’importance pour l’humanité. L’objectif est de repérer ensemble des liens surprenants et parfois inattendus. Vous avez compris quelque chose à cette règle ? Oui car j’essaie d’expliquer un jeu qui aujourd’hui encore j’ai toujours pas compris. Bref.

Les joueurs doivent associer un objet à d’autres en trouvant un critère commun et en éliminant progressivement les critères incorrects. Pour cela, ils soulèvent des gobelets, sous lesquels peuvent se cacher des numéros permettant d’avancer sur la piste de score. Mais un piège peut se dissimuler parmi eux, bloquant le déplacement sur le premier chiffre visible après le dernier gobelet révélé. Il faut donc choisir ses associations avec soin pour éviter les mauvaises surprises et optimiser la progression de l’équipe !

Bilan : En me basant sur le ressenti des autres joueurs, le jeu plaît et nous creuse les méninges. Le matériel est beau et bien pensé. Il faut juste avoir compris les règles… Victoire de l’équipe après 20 minutes de jeu avec les règles. Pas d’achat.


Ça Joue ou Bien ? Meyrin

L’association Ça Joue ou Bien ? Meyrin était évidemment bien présente à ce festival avec 9 membres, de gauche à droite : Stefan, Minh, Hannah, Marion, Tessa, Alana et Daniel. Il manque Sam et Rohan sur cette photo.


Jeu 29 : Fil Rouge : Dans leurs regards

Tiens, on a pas encore joué chez Lumberjacks Studio cette année. Ils ont toujours de chouettes petits jeux. On arrive et une table se libère. Fil Rouge, une série de jeux kleenex (qui se joue une seule fois car après on connaît l’histoire) avec l’édition Dans leurs Regards. Le jeu est coopératif et nous fait analyser une série de cartes qui se veulent être une histoire. A nous de discuter pour retrouver le bon déroulé de l’histoire et poser les cartes dans le bon ordre.

Bilan : au-delà du jeu kleenex, les cartes sont belles et nous attirent vers cette petite histoire. On a envie de savoir ce qui s’est passé. Pourquoi cette fille était fâchée ? Attends, regarde, c’est sur cette carte qu’on devine ! On passe un bon moment et on découvre à la fin si on a vu juste ou pas. Il y a 4 scénarios par boîte, nous laissant ainsi prolonger la magie du jeu. 20 minutes de partie avec les règles à 3 joueurs. Victoire de l’équipe. Pas d’achat car on était pas enrhumé (désolé… je sors).

Cette image est floue pour éviter un spoil de ce scénario…

Jeu 30 : Behind

Oulala ! On va tester un deuxième As d’Or (ici c’est l’initié) avec Behind, édité chez Kyf Edition. Il y a du monde qui fait la queue mais apparemment la version jouable est une vraie démo inédite (et complète) qui dure 20 minutes max. Behind, c’est l’histoire d’un puzzle avec des formes parfaitement identiques : le carré. C’est donc avec les images que l’on va reconstituer l’illustration souhaitée.

Avant…

Quand on a des doutes, il y a des indices qui peuvent nous apporter une petite aide. C’est du coopératif pur, c’est même carrément une expérience d’intelligence collective, tellement chaque pièce peut être soumise à plusieurs interprétations. Une fois qu’on a terminé le puzzle, on le retourne complètement pour savoir si on a fait juste. Devrait alors apparaître sous nos yeux ébahis une nouvelle image qui confirmera notre splendire réussite ou notre défaite cuisante.

Après…

Bilan : C’est génial. C’est simple. Bon ok, c’est encore un jeu kleenex… Mais peu importe, c’est un jeu captivant qui réussit à mêler déduction et narration en nous plongeant dans un petit univers intriguant. Bravo ! Ce jeu est une petite pépite. Partie en 20 minutes à 3 joueurs avec les règles. Défaite cuisante pour l’équipe (voir ci-dessous). Achat pour l’association.

Résultat… je crois qu’on a fait faux 🙂

Quand rien n’est pire de mourir de la peur de mourir de la mort…


Jeu 31 : Les Secrets de Zorro

Vous vous souvenez de Zorro, ce justicier masqué agile et rusé qui défiait les oppresseurs avec panache, maniant l’épée aussi bien que l’humour pour défendre les plus faibles ? Et bien il est mort. Mais nous, ses descendants, allons perpétuer son honneur et sa légende. Bienvenue aux Secrets de Zorro, édité par Double Combo Games.

Encore un coopératif ou l’on doit collaborer pour vaincre les soldats du Gouverneur Prizerio (el méchanto). Chacun de nous dispose de cartes d’attaque uniques qu’on peut utiliser de manière stratégique pour éliminer les ennemis (en gros, c’est oune dek-buldingo). Le jeu repose vraiment sur la discussion et la coopération, car c’est ensemble qu’on devra planifier nos actions pour être efficaces. Pendant les phases de jour, on peut se rendre au marché pour acheter de l’équipement qui renforcera nos attaques et nous permettra de mieux gérer les différentes situations. Mais le plus important est d’aller converser et écouter les ragots qui circulent au village (encore una tequila ?!), pour savoir de quelles routes viendront les menaces. Plus on écoute, plus on découvre d’informations cruciales, mais moins on a le temps de s’équiper dignement. Encore un jeu où il faut faire des choix.

Sympa mais dangereuse, la fille de Zorro

Après la phase de jour, vient la phase du soir, où les soldats du Gouverneur Prizerio se déplacent et deviennent plus menaçants (beaucoup de hombre sur la route). C’est là qu’on doit être encore plus vigilant, car les ennemis commencent à prendre position et on doit préparer nos actions pour les contrer. On discute encore entre nous pour savoir qui va attaquer quel soldat, et qui va se défendre ou utiliser ses cartes d’équipement pour protéger le groupe. Avoir entendu les ragots pendant la journée prend toute son importance ici. Puis, vient la phase de nuit où les soldats vont tenter de nous surprendre. C’est un moment où on doit rester tactique, car certains ennemis peuvent devenir plus puissants et plus difficiles à éliminer. Heureusement, on peut utiliser des cartes spéciales ou les objets qu’on a récolté pour nous aider. La coordination et la préparation sont essentielles pour réussir.

Bilan : Un jeu léger par ses règles mais diablement réussi par son côté stratégique, où chaque décision compte et où la coopération entre les joueurs est essentielle pour surmonter les vilains gringos. J’ai adoré le recherche d’informations cachées au détriment de s’équiper, nous obligeant à prendre des risques ou au contraire à maîtriser la situation (mais avec quelques sueurs froides). 90 minutes de jeu avec les règles pour 3 joueurs et victoire de l’équipe. Pas d’achat mais franchement le jeu le mériterait.


Jeu 32 : 5 Alive

Avec Lucas, on se pose chez Hasbro pour un petit jeu de cartes avec des chiffres dessus, 5 Alive. Franchement, qu’est-ce qu’on nous vend là ? Encore un jeu de cartes qui ne fait que reprendre les bases du UNO avec un soupçon de « nouveauté » mais en réalité, il n’y a rien de neuf. Le concept de « ne pas dépasser 21 », c’est une vieille recette qui a déjà fait ses preuves d’autres jeux, donc ce n’est ni surprenant ni innovant. Le pire, c’est cette manie commerciale d’ajouter des cartes joker qui « changent tout » mais soyons réalistes, ces cartes ne font que plonger le jeu dans une complexité inutile pour faire croire qu’il y a de la stratégie. Au final, c’est juste un jeu où on pose des cartes et où le jeu est tellement imprévisible que tout se résume à un coup de chance. Il n’y a aucun vrai enjeu de gestion ou de réflexion.

Bilan : Cette promesse de « jeu pour toute la famille », c’est encore une excuse pour vendre un produit sans âme. Pourquoi ne pas chercher à offrir quelque chose de vraiment nouveau, d’original, plutôt que de copier ce que tout le monde fait et d’y rajouter des cartes aléatoires pour faire genre ? Si on veut vraiment un jeu de cartes rapide et fun, autant jouer au UNO, qui a au moins la classe et l’historique derrière lui. Mais là, 5 Alive n’est qu’une pâle copie sans rien d’intéressant à offrir. Arrêtons avec cette manie de recycler des concepts en espérant juste gratter une part de marché. Mais non je ne suis pas fâché. Partie en 10 minutes avec les règles à 2 joueurs. Victoire de Lucas. Evidemment pas d’achat.


Trop de monde…

Le samedi, c’est devenu une habitude de bloquer les allées et les étages, pour éviter la cohue bestiale et monstrueuse de la bétaillère ludique. 40’000 personnes en tout rien que pour cette journée de samedi. Mais jusqu’où ira-t-on ?


Jeu 33 : Dragon Bane

Dragonbane est un jeu de rôle qui a vu le jour en Suède sous le nom de Drakar och Demoner en 1982. Ce jeu est l’un des plus anciens et des plus populaires jeux de rôle suédois. Chez Arkhane Asylum, on le francise pour la première fois et on le fait jouer en partie démo de 2h30. Avec Tessa, Alana et Lucas, on s’installe et on commence par choisir notre aventurier ou aventurière.

Le Maître du Jeu (probablement membre de la Confrérie des Gros Barbus)

Le pitch de l’aventure ? Un phare à la lumière verte ressort du milieu des flots tous les 20 ans, laissant les portes grandes ouvertes pour les courageux (et probablement inconscients) aventuriers qui oseront y pénétrer. On a été engagé par un balafré pour nous y rendre et récupérer la gemme verte qui provoque la lumière verte. Mais attention, le phare ne reste que 2 heures en dehors de l’eau…

Sans spoiler le scénario utilisé pour ce genre de manifestations, il a fallu beaucoup de discussions, de déductions, d’énigmes et de tests de constitution et d’agilité pour nous en sortir vivant… vraiment ? Peut-on considérer que rester coincé dans le phare pour 20 ans était une réussite ?

Bilan : avec le peu que j’ai pu en voir et en le comparant à son « papa », Dragonbane et Dungeons & Dragons diffèrent principalement par leur complexité. Dragonbane est plus simple et accessible, idéal pour les débutants et ceux qui privilégient la narration fluide. D&D, avec ses règles plus détaillées, offre une expérience plus riche et un univers plus vaste, mais peut être plus lourd à assimiler. Si vous cherchez un jeu rapide et narratif, Dragonbane est parfait, tandis que D&D conviendra mieux à ceux qui veulent une immersion plus profonde et des mécaniques complexes. Quoiqu’il en soit, tout le monde a A-D-O-R-É. Partie de 2h30 et… plongée dans les abymes pour 20 ans.


Pourquoi le jeu de rôle au festival des jeux… de société ?

Après une journée comme ce samedi à Cannes, où il y a des gens partout (mais vraiment partout) et où l’agitation est à son comble, finir par un jeu de rôle dans un coin plus calme, c’est presque un soulagement. Le jeu de rôle, c’est comme une vraie parenthèse où on a pu se couper de l’agitation, s’immerger dans une histoire et incarner des personnages. Ce fut une expérience ludique complètement différente du jeu de société où, au lieu de manipuler des pions ou de suivre des règles strictes, on a laissé place à l’imagination, à la narration et à la prise de décisions collective (enfin, pas tout à fait…).

Le jeu de rôle et le jeu de société sont complémentaires parce que l’un se base sur la stratégie et la compétition, tandis que l’autre met l’accent sur la créativité, la coopération et l’expérience immersive. Le jeu de rôle a une place historique essentielle dans le monde du jeu de société moderne, car c’est lui qui a ouvert la voie à une nouvelle forme de jeu plus libre, axée sur la narration et l’interaction entre les joueurs. C’est un peu l’ancêtre de beaucoup de jeux modernes qui mêlent stratégie et immersion et il reste, à mon avis, une composante fondamentale du paysage ludique d’aujourd’hui. Donc oui, le jeu de rôle a largement sa place au Festival !

Et à bientôt.

Daniel aka Bob


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