Vendredi 28 février 2025, 7h44. L’aube dorée éclaire la Croisette et, déjà, une marée de passionnés se presse devant le Palais des Festivals. Ici, l’attente est comme un jeu : certains battent les cartes de la patience, d’autres lancent des dés invisibles pour savoir qui trouvera la meilleure table en premier. Les stratèges affûtent leur plan d’attaque, les deck-builders empilent mana sur mana et les experts en placement optimisent chaque mètre carré de trottoir. Oui, c’est le grand jour, le jour de l’équation ludique « Badges Pros + Pass Privilège + Billets publics = Grosse foule ». Dans cette foule, pas de perdants, juste des joueurs prêts à tirer la meilleure carte de la journée : une entrée tant attendue dans le temple du jeu (et quelques frustrations quand même quand la table convoitée est déjà prise… oui).

9h00, c’est l’ouverture des portes et tout le monde fonce comme si une édition collector de l’As d’Or était offerte aux 100 premiers. On vise une grosse table pour un bon jeu expert, mais c’est la débandade : tout est déjà pris d’assaut. À neuf joueurs, c’est mission impossible et en moins de deux minutes, on est tous éparpillés dans la foule, perdus, hésitants, cherchant une solution.

Alors je disparais. Petite manœuvre discrète, repérage express… et bingo ! Je réapparais, bondissant au milieu du groupe en criant « J’ai 2 tables pour nous tous !! ». Reste plus qu’à regrouper tout le monde et à s’asseoir avant qu’un autre groupe nous grille la place ! Suivez le guide !
Jeu 13 : Le Village aux 5 Dragons

Et ces tables, c’est pour jouer au Village aux 5 Dragons, édité par Jeu T’aime. Un jeu dans un monde médiéval fantastique, inspiré des jeux de rôle, qui nous mène en pleine exploration de 5 tanières à dragons. Heureusement, entre les combats, le fameux village nous accueille avec une splendide auberge et son marché tonitruant.

Mais avant de combattre, il faut se « créer ». Qui suis-je ? On aura une race, comme un bête humain ou un fier elfe ou une redoutable demie-harpie, et également un métier, comme barde, magicien ou danseur. Pour choisir, chacun va recevoir 2 cartes de chaque. Les 5 caractéristiques de base (puissance, constitution, dextérité, vitesse et intuition) seront alors ajustées en fonction de nos choix. Mais d’autres mécanismes asymétriques et propres à chaque choix viendront agrémenter nos personnages.

Ensuite, c’est l’exploration. On se rend dans un des 5 antres de dragons pour combattre des créatures et espérer affronter le dragon pour le tuer et lui voler son trésor. Mais comme nous sommes avides de richesse, personne ne dit où nous allons et on peut se retrouver à plusieurs au même endroit (partager des trésors, jamais !!). La partie s’arrête quand les 5 dragons sont morts (ou se sont enfuis…).

Bilan : Pour nous la partie s’est arrêtée bien avant cela. Une heure de jeu sans les règles pour faire une démo (décidément…), ce fut frustrant car on venait de découvrir notre personnage et on commencait à l’aimer… mais des perfides autres joueurs voulaient notre table. GRRR. Mais à part ça, le jeu a plu et je crois qu’il a fait l’unanimité parmi nous tous. On se croit face à une feuille de personnage de jeux de rôle mais en même temps on est dans un jeu de société. Magique. Pas de vainqueurs évidemment mais 3 (!) achats avec dédicace de l’auteur.



Jeu 14 : Danger

A partir de maintenant, le festival est plein. Oui. Déjà. On sait que la chasse à la table commence. On se pose chez La Boîte de Jeu pour un jeu électrique, Danger. Un jeu de plis. Chouette. Avec des cartes et des chiffres dessus. Super. Mais ces chiffres sont vraiment hauts. Oui. Ils vont de 10 à 59. Ah bon ?

Un jeu en 3 manches. Le but est de conserver les points durement acquis. Comment les acquérir ? En gagnant des plis et en classant nos cartes par dizaines. Si 2 ou plusieurs cartes se suivent, on les élimine. On ne comptabilise en points, dans chaque colonne d’une dizaine, que l’unité la plus basse. Vous n’avez pas compris, regardez la photo ci-dessus. Comment les conserver ? En ne remportant plus de plis qui viendraient chambouler vos points durement acquis.

Bilan : Un jeu de plis original avec un draft en début de chaque manche pour se répartir les cartes. Un jeu plaisant mais sans grand intérêt. Je dois admettre qu’il y a un côté un peu plus créatif que les UNO-like. Vite joué, quoique… (45 minutes avec les règles à 5 joueurs). Vite oublié (de quel jeu on parle déjà ?). Victoire d’Alana. Pas d’achat (évidemment).

Pendant ce temps…









Jeu 15 : One Round?

Trop de monde. On se scinde encore. Je me retrouve avec Tessa et Alana. On est 3. Un bon chiffre. Festival, à nous 4 ! On joue alors à One Round ? chez Schmidt. Un jeu d’association d’idées avec des contraintes de numéros. Si je pioche le 65 (voir photo ci-dessous), sans le montrer aux autres, je dois dire le nom d’un objet qui se situerait entre les 2 chiffres les plus proches (ici le 64 et 66) et les autres doivent deviner justement où est sa place. Facile.

Bilan : Petit jeu très sympathique, qui apporte un twist original dans le jeu des associations d’idées. Idéal avec des enfants ou des adultes qui veulent juste passer un bon moment. 15 minutes de partie. Victoire de l’équipe (oui c’est un coopératif). Pas d’achat.
Jeu 16 : Casque Chèque Chat ?

La déambulation nous emmène chez Iello, pour tester un jeu bientôt édité : Casque Chèque Chat ? Répétez cette phrase à voix haute et rapidement. Voilà, vous avez compris le but du jeu : faire deviner des phrases en donnant des mots similaires, pouvant reproduire des syllabes, mais n’ayant aucun lien orthographique.

Le jeu se joue en 2 équipes qui s’affrontent mais avec la même phrase et en même temps. Il faut donc donner des indices qui vont aider les 2 équipes. Il faut avoir le cerveau en ébullition et surtout très réactif. Des tuiles HMMM représentent les syllabes et sont positionnées en début de manche pour diriger les joueurs qui devront deviner. Les joueurs qui font deviner vont poser des tuiles avec les mots indices dessus.

Bilan : Party game de jeu de mots original et amusant. On a aimé. Les filles ont adoré ! (elles y ont même rejoué le lendemain). Une petite demi-heure avec les règles à 5 joueurs. Pas d’achat (car c’est pas édité, sinon c’était dans la valise).
Petite Pause miam

Jeu 17 : Yeti Snack!

Oh une boîte rigolote avec un Yéti qui a faim, Yéti Snack, édité par Mandoo Games. Le but est de préparer des mets délicats à notre Yéti préféré mais il est franchement difficile pour manger (ça me rappelle une fille qui joue avec nous…) et il faut lui préparer uniquement ce qu’il veut. Exemple, il veut manger une banane, il faut alors plier le récipient en plastique mou jusqu’à ce que la banane soit la seule visible. Interdiction de toucher aux ingrédients avec les mains. Ça à l’air simple ? Vous ferez moins les marioles quand vous devrez faire une brochette avec les ingrédients dans un ordre précis 😀

Bilan : Mais on a ri. Mais ri. C’était ludique, rigolo, tactile et la thématique juste rafraîchissante : Bon App’ Yéti !! s’amuse-t-on à crier. C’est orienté enfant mais il n’y a pas d’âge pour s’amuser. 2 parties d’environ 10 minutes. Victoire d’Alana et de moi. Pas en vente, dommage. Quand il sort, allez l’acheter. En plus, si le jeu ne vous plait plus, vous pourrez en faire des glaçons.

Jeu 18 : Mamie Moule Maki

Je pars aux WC pour un besoin pressant (au passage, bravo pour les toilettes, c’est toujours propre) et je reviens retrouver les filles. Elles sont assises chez Gigamic pour tester Mamie Moule Maki. Un jeu du « petit bac » relativement classique avec un léger twist, on a 2 minutes pour remplir une série de questions en commençant par une même lettre, tirée au hasard. Ensuite, on compare entre joueurs nos réponses et on remporte 0 points si pas trouvé ou hors sujet, 1 point quand c’est pas trop mal ou qu’un autre joueur a le même mot et 2 points quand la réponse est vraiment originale. On joue en tout sur 5 manches et le vainqueur est celui avec le plus de points.

Bilan : Simple. Efficace. Rigolo. Il est noté pour 16 ans car il y a clairement des questions et thématiques « en dessous de la ceinture ». Etait-ce bien utile ? Oui si le public visé est adulte 😉 Partie en 20 minutes avec les règles à 3 joueurs. Victoire d’Alana. Pas d’achat.

Les potions du hasard
Au détour d’un stand, à l’étage des jeux de rôle, je suis tombé sur un objet qui a réveillé le rôliste en moi : une potion du hasard. Une fiole translucide qui, une fois secouée, se charge de couleurs métalliques, dorées, violettes ou autres reflets hypnotiques. Puis, quand le liquide retombe, un dé apparaît au fond, affichant son résultat. Une drôle de manière de lancer un dé, mais diablement originale. J’ai craqué. Une potion avec 2D20, parfaite pour les lancers avantagés ou désavantagés à Dungeons & Dragons. Est-ce que je l’utiliserai souvent ? Peut-être pas. Mais l’idée est belle, et l’objet magnifique. Ça valait bien un achat. Bravo à ceux qui ont imaginé ça.


Jeu 19 : Improo

Un canapé nous accueille pour un nouveau jeu, Improo édité par Bakakou. Un jeu qui nous propulse dans des improvisations théâtrales en lien avec les émotions. Le concept ? On pioche une carte thématique et une carte « émotion », on lit, on improvise et les autres doivent retrouver l’émotion. C’est tout.

Bilan : Un vrai jeu « brise-glace » pour ceux qui sont timides et qui n’aiment pas s’extravertir. On s’est bien amusé et j’ai pu faire ressortir quelques vieilles mimiques et émotions de mon passé d’improvisateur amateur. Une petite réussite dans sa catégorie. 15 minutes de jeu avec les règles. Pas d’achat car en cours d’édition.

Jeu 20 : Dékal

Véritable petit coup de coeur de la journée, un jeu… avec des cartes et des chiffres dessus 😀 Oui, vous ne rêvez pas ! Dékal, édité par Gigamic, m’a surpris en bien. On pose 16 cartes au hasard et face cachée pour chaque joueur. A chaque tour, on choisit une carte et on la révèle avec les autres joueurs qui font de même. Le premier joueur choisit une carte et la pose dans son jeu et les autres font pareil dans le sens des aiguilles d’une montre. Rien d’incroyable jusque là. Mais la pose doit se faire obligatoirement en « déKalant » d’autres cartes, on ne peut pas juste la poser, on doit faire coulisser d’autres cartes afin de remplir le trou formé. C’est malin et plus contraignant que ce que l’on imagine. A la fin de la partie, donc après 16 cartes coulissées, celui qui a le moins de points l’emporte. Règle importante, des nombres semblables qui se touchent valent 0 point. Voici l »objectif, faire en sorte que ces chiffres se touchent et le restent jusqu’au bout.

Bilan : Original et pas un jeu de plis. Parfait. C’est presque addictif et ça incite à faire travailler le cerveau pour modéliser les conséquences d’un coulissement. Autant dire qu’on a adoré ! 12 petites minutes de jeu avec les règles à 3 joueurs. Victoire de Tessa. Achat pour l’association Ça Joue ou Bien ? Meyrin avec dédicace de l’auteur !

Un petit Duck & Cover pour la route…


Jeu 21 : Kabuto Sumo

On remonte vers l’étage Asmodée et ses fenêtres lumineuses. Noé nous a rejoint. On s’installe avec Kabuto Sumo, édité chez Allplay. Un jeu pour amateur de machines à sous (coin pusher), vous savez, celles où il y a plein de pièces de monnaie et il faut en rajouter pour que d’autres (si possible plus nombreuses) tombent dans nos poches. Et bien ici c’est pareil mais avec des coléoptères virils.

Chaque joueur incarne un insecte et veut montrer aux autres qu’il est plus badass. Chaque insecte a des pouvoirs et des jetons en bois différents. Le but ? Pousser tous les autres en dehors du ring et user de ses attributs pour y parvenir.

Bilan : Un jeu qui mélange un thème original, une part de dextérité (et aussi de chance, évidemment) et un matériel somptueux, je dis chapeau et je suis scaraboustouflé ! Bravo. On pousse en espérant que l’autre tombe dans les abymes, on s’allie temporairement avec son meilleur ennemi pour terrasser son pire ennemi. On s’amuse et c’est l’essentiel. 30 minutes avec les règles à 4 joueurs. Victoire d’Alana. Pas d’achat.

Les As d’Or




Jeu 22 : Skyjo

Faut-il vraiment présenter Skyjo, édité par Magilano ? Bon, d’accord. C’est un jeu de cartes où tu essaies d’avoir le moins de points possible en échangeant tes cartes tout en surveillant celles des autres. Simple, rapide et un poil vicieux, il tourne super bien en famille ou entre amis. On s’installe au stand car on veut participer au concours et gagner une boîte du jeu !

Bilan : Skyjo, c’est bien. Mais il repose beaucoup sur la chance, avec peu de contrôle sur les cartes que tu pioches. Du coup, si t’enchaînes les mauvaises cartes, t’as juste à subir la partie sans trop de moyens pour retourner la situation, ce qui peut être frustrant (je confirme). Une partie dure 10 minutes au max. Pas d’achat et finalement Noé a remporté un tshirt Skyjo 🙂

Jeu 23 : Flip 7

Flip 7, vous connaissez ? c’est édité chez Catch Up Games et les tables ne désemplissent pas. Sur la boîte, c’est indiqué « Le meilleur jeu de cartes de tous les temps ! ». Prétention malhabile ou réalité blasphématoire ? On fait la queue et on s’installe assez rapidement. Un jeu de cartes, avec des chiffres dessus. Chouette ! Tu pioches des cartes numérotées en essayant d’en accumuler sans doublon pour marquer des points, mais si tu pioches une valeur déjà prise, tu perds tout pour la manche. Tu peux décider de t’arrêter à tout moment, et si tu réussis à choper 7 valeurs différentes, tu fais un Flip 7 et rafles un gros bonus.

Bilan : c’est du stop ou encore ultra classique, sans vraie innovation, juste un jeu rapide à produire et à vendre en masse. On est sur un énième petit jeu de cartes, fabriqué loin pour coûter trois fois rien, qui finira au fond d’un tiroir ou à la poubelle une fois la hype retombée. Rien de marquant, rien de révolutionnaire, juste un produit calibré pour être consommé et oublié. 20 minutes à 5 (Sam nous a rejoint) avec les règles. Victoire d’Alana. Achat ? Non mais franchement ?!

Jeu 24 : Odin

Dernier jeu de la journée, on teste l’As d’Or !!! Odin, édité par nos compatriotes Helvetiq. Beaucoup de fierté pour cet éditeur suisse qui réussi un vrai coup marketing. Mais c’est quoi Odin ? Un jeu de cartes avec des chiffres dessus… On est des vikings et on doit se débarrasser de nos cartes en réalisant des combinaisons entre couleurs ou les valeurs, en surenchérissant par rapport à ce qui vient d’être joué. Petite « innovation », quand on a joué, on doit récupérer une des cartes posée par le joueur précédent. Et c’est là que le jeu se « sublime ».

Bilan : c’est encore un jeu où je dois me débarrasser de mes cartes, comme dans plein d’autres jeux déjà vus. Le twist où je peux récupérer une carte posée par un adversaire apporte un peu de piquant mais au fond, c’est toujours la même mécanique de surenchère de cartes, sans grande nouveauté. Un UNO-like version ++ ? Presque. Ce n’est pas un mauvais jeu mais franchement, lui donner un As d’Or me semble abusé. Pour le côté matériel et l’innovation, For A Crown ou Captain Flip auraient peut-être mérité plus de reconnaissance, ils apportent bien plus de fraîcheur. Mais félicitations quand même à Odin et bravo au jury d’avoir vu ce que je n’ai pas su voir 🙂 Partie avec les règles en 30 minutes à 5 joueurs. Victoire de Noé. Pas d’achat. Et bravo à Helvetiq !!!
Les parties démo sur les jeux expert, bonne idée ?
Les parties « démo » de 1h sur des jeux experts, c’est nul. On passe plus de temps à écouter les règles qu’à vraiment jouer. Et quand ça devient intéressant, c’est déjà fini. Impossible d’apprécier la montée en puissance ou de sentir si le jeu me plaira sur la durée. Frustrant. Je comprends qu’on ne puisse pas bloquer une table pendant 4 heures, mais là, on reste sur un simple aperçu, souvent au moment le moins excitant du jeu. Résultat : on sort de table avec plus de questions que d’envie. Pourquoi ne pas faire tester des moments clés du jeu plutôt que le début mollasson ? Et si c’est pas possible, proposer des parties complètes sur inscription pour ceux qui veulent une vraie immersion ? Un bon équilibre permettrait aux joueurs de mieux apprécier et aux éditeurs d’éviter cette frustration. Là, c’est juste une mise en bouche qui laisse sur sa faim. Et c’est vraiment dommage.
Et à bientôt.
Daniel aka Bob
Ce qui suit n’a plus rien à voir avec le jeu mais c’est le plaisir de se retrouver tous au presque grand complet (bienvenue à Hannah et Marion !) dans un restaurant qu’on aime, la Salsamenteria di Parma.






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