Il avait pas bien loin de dix ans.
C’était un matin d’hiver, le lendemain de Noël, quelque part dans les années 80. Il n’y avait pas d’internet, pas de Netflix, pas de smartphones. Juste des rêves. Et des jouets.

Sous le sapin, il avait reçu Musclor. L’original. Celui avec le torse qui tournait quand il prenait un coup. Mais il l’avait déjà. Alors ce matin-là, il prit la boîte avec son père et ils partirent ensemble l’échanger au grand magasin de jouets, le havre du jeu, les Jouets Weber. Et là, sur une étagère un peu plus haute, un peu plus loin, il l’a vu : Le Château des Ombres (Castle Grayskull). Sa boîte immense. Sa mâchoire qui s’ouvrait en criant presque. Ses murs verts, cabossés, mystérieux.

Il ne savait pas s’il avait le droit d’y croire. Mais son père le regarda, sourit sans rien dire et hocha la tête. Il ne le savait pas encore, mais ce geste-là allait rester gravé pour toujours. Ce jour-là, il est rentré chez lui avec le Château des Ombres sous le bras. Plus grand que lui. Plus beau que tout.

Dans sa chambre, les après-midis n’étaient plus les mêmes. Musclor, Skeletor et le Maître d’Armes prenaient vie sur la moquette. Le château s’ouvrait comme un livre d’aventures. Chaque recoin racontait une histoire, chaque trappe une bataille. Il n’y avait pas besoin d’écran pour voir, ni de Wi-Fi pour rêver. C’était l’époque des piles, des figurines qui sentaient le plastique neuf, des copains qui venaient avec leurs bonshommes. C’était l’époque où tout semblait possible, même les héros en slip de fourrure.

Aujourd’hui, ce garçon a presque 50 ans. Il vit avec tout ce qu’un adulte doit porter : le travail, les responsabilités, la famille et les souvenirs qui cognent quand on ne s’y attend pas. Et parfois, il repense à ce château. Il ne sait plus quand il l’a donné. Ni à qui. Mais il sait qu’il ne l’a plus. Il sait aussi que ce geste, ce sourire de son père, valait plus que n’importe quelle figurine. Mais il regrette. Pas seulement pour le plastique, non. Il regrette l’époque, l’innocence, le frisson d’ouvrir une boîte et d’entrer dans un monde rien qu’à soi. Alors il vit, comme beaucoup, avec une pointe de nostalgie dans le cœur. Pas douloureuse. Non. Mais présente. Fidèle. Comme l’écho lointain d’un rire d’enfant qui joue, un lendemain de Noël, avec le plus beau cadeau du monde.
Merci Papa. Je ne t’oublie pas.

Et à bientôt ! Bel été à vous !
Daniel aka Bob


nostalgie…. ❤️
J’aimeAimé par 1 personne